Projection du film, écoute collective, rencontre et échanges avec Camille Pierre
Le 14 février 2024
de 10h à 12h
Présentation du Court-Métrage : « En attendant la Mukali »
Deux amies d’enfance préparent un repas pour une troisième qui se fait attendre. Toutes les deux sont nées dans les années 40 aux alentours de Kisangani. Toutes les deux ont appris la Brabançonne dans les rangs des guides catholiques du Congo Belge. Toutes les deux ont épousé des hommes blancs.
Par leur âge et leur éducation, leur foi et leur patience, leur mariage et leur béguin pour un roi Baudoin « plus beau que tous les blancs qu’elles avaient vu là-bas », ces deux femmes pourraient facilement apparaître, pour les générations qui les suivent, comme soumises et aliénées, engoncées dans un complexe d’infériorité colonial que leurs enfants et petits-enfants n’ont souvent pas hésité à leur reprocher.
Rien dans leurs existences et leurs choix n’aura pourtant été facile. En discutant de leur amie absente et qui n’arrivera finalement jamais, leurs langues se délient et c’est en parlant d’une autre qu’elles donnent peu à peu à voir leur propre colère et la fierté qui les anime.
Présentation de la création sonore : Nakomitunaka/ Je m’interroge
L’une de ces femmes était ma grand-mère et quelques mois seulement après le tournage du film, elle nous a quitté soudainement.
Comme la plupart des relations mère/fille, la relation de ma mère et de ma grand-mère n’avait rien de simple. Au-delà des problématiques et griefs « classiques » que la filiation engendre, leurs difficultés s’enracinaient, parfois violement, dans leur contexte politique, historique et raciale : la distance d’une mère qui considère sa propre culture comme autre, inferieure voir même néfaste à partager ; mais aussi la colère et l’incompréhension d’une fille face à ce qu’elle perçoit comme un fatalisme docile. D’autant que chez ma grand-mère, cette « résignation » s’exprimait surtout au travers d’une foi catholique imposée qui prenait souvent toute la place.
Son décès inattendu a laissé certaines de ces blessures et frustrations grandes ouvertes. En enregistrant ma mère et en rassemblant les enregistrements que j’avais eu l’occasion de faire de ma grand-mère quelques mois plus tôt, j’ai alors tenté de reconstruire l’ébauche d’une conversation qu’elles auraient pu avoir.
Présentation de Camille Pierre
Après avoir brièvement étudié la littérature et le droit à Paris, Camille Pierre entame à l’INSAS un cursus en réalisation en 2015. Aujourd’hui coordinatrice de production et scénariste, les questions du métissage et de l’héritage colonial belgo-congolais se retrouvent souvent au cœur de son travail et de ses recherches. Le film et la création sonore présentés lors de cette rencontre ont tous deux été élaborés dans le cadre de ses études et auront pour but d’aborder ensemble les questions d’identité, de légitimité et de filiation qui les traversent ;
A la fois « les deux » et « ni l’un ni l’autre », à la fois « victime et bourreau », comment nous émanciper de la vision parfois essentialiste dans laquelle nous propulse un héritage aussi complexe et brutal que celui du Congo belge ? Et comment réussir à concevoir simplement l’amour qui a pu unir nos parents ou nos grands-parents sans les réduire à leur contexte ?
Issus du métissage, il nous semble parfois nous trouver à une place de choix pour être témoin d’un racisme que nous voyons s’adoucir ou se renforcer progressivement selon que l’on s’achemine vers les teintes les plus claires ou les plus foncées de notre nuancier familial. Cependant, quelle peut être notre place et notre légitimité, quand nous avons la peau aussi blanche que la mienne, pour parler d’un racisme duquel nous ne sommes pourtant pas nécessairement les victimes directes ?
Et enfin, alors que nos parents ou grands-parents noirs ont parfois voulu nous épargner leur sort en tentant de nous préserver de leur culture, de leur langue voir même de leurs traits, comment se penser à l’intérieur d’un peuple et d’une culture au-delà précisément des questions de racisme que notre existence même suscite ?
Au Théâtre de la Parole, nous croyons en l’accessibilité pour tou·tes.
Vous pouvez donc choisir librement le montant que vous souhaitez payer en fonction des différents tarifs proposés
Vous voulez réserver pour la journée entière du 15 février 2025.
C'est possible en cliquant sur ce lien :
https://www.theatredelaparole.be/produit/journee-3-14-fevrier-2025/
Projection du film, écoute collective, rencontre et échanges avec Camille Pierre
1,25 € – 16,40 €
Projection et écoute collective en présence de Camille Pierre, coordinatrice de production et scénariste
Informations complémentaires
Tarifs | Article 27(1,25€ – vous munir de votre ticket), Catégorie 1 (2,40€), Catégorie 2 (4,40€), Catégorie 3 (6,40€), Catégorie 4 (8,40€), Catégorie 5 (10,40€), Catégorie 6 (12,40€), Catégorie 7 (14,40€), Catégorie 8 (16,40€) |
---|
Produits similaires
-
Ecoute collective/Podcast : Perdre le Nord – paroles de métisses, entre héritage et lutte
1,25 € – 16,40 € Choix des options Ce produit a plusieurs variations. Les options peuvent être choisies sur la page du produit -
Conférence de Maïté Maskens – « Les frontières de l’amour au guichet de l’état civil : une ethnographie bruxelloise »
1,25 € – 16,40 € Choix des options Ce produit a plusieurs variations. Les options peuvent être choisies sur la page du produit -
Journée 3 – 14 février 2025
5,00 € – 62,40 € Choix des options Ce produit a plusieurs variations. Les options peuvent être choisies sur la page du produit -
Conférence/Discussion croisée entre Houria Bouteldja et Louisa Yousfi
1,25 € – 16,40 € Choix des options Ce produit a plusieurs variations. Les options peuvent être choisies sur la page du produit