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Décolonisons nos idées
“Décolonisons nos idées” est une déclinaison du projet « Oralités Décoloniales » en collaboration avec les Dimanches du conte et Conte en balade qui n’a pas pu se réaliser dû à la situation sanitaire. Déclinée en vidéo-conférence hybride, exploitant au mieux le potentiel de nos écrans, le projet s’inscrit dans la lignée d’ateliers menés au Gaffi auprès d’un public de travailleuses sociales portant sur la violence systémique qu’engendre, encore aujourd’hui, la colonisation.
Le passé colonial de l’Europe est irréversible. Cependant, nous sommes capable d’agir sur le présent et le futur par nos actions, nos paroles et nos pensées. Tout au long de la journée, nous avons essayé de secouer nos idées, nos privilèges, de questionner les imaginaires collectifs, nos héritages coloniaux. A l’aide d’une dizaine de participants volontaires, nous avons bousculer nos réflexions, pour en créer une commune à l’aide du « sensible » et de l’émotion.
Les trois modules :
La journée était composée de trois modules, un premier questionnait la notion des privilèges. Un deuxième module permettait de repasser sur l’histoire coloniale au Congo via la diffusion de trois extraits de films de propagande coloniale. Le dernier module traitait du racisme au quotidien. Les trois parties étaient rythmées par des interventions artistiques diverses et variées par Apollinaire Djouomou, Nadège Ouedraogo et Fidèle Mahuna Anato, qui était en direct du Bénin. Chansons, lectures, danses, rythmes nous ont bercés toute la journée, dégageant sensibilité et émotions auprès des participants, ouvrant des discussions au service de la rencontre et de l’écoute de l’autre.
Une de nos préoccupation principale était de ne pas se noyer dans des échanges d’arguments et de contre-arguments, d’éviter une parole privilégiée, mais bien de trouver un langage commun pour nous permettre, à partir du sensible, de nous rencontrer autour de ce sujet.
En parallèle, Anne Valleta et Thierry Duirat récoltaient les paroles des participants pour réaliser trois illustrations qui laisseraient, suite à cette journée, une trace de nos échanges. Les paroles récoltées sont anonymes, collectives et collaboratives. Nous ne recherchions pas seulement à restituer une pensée déjà construite, mais aussi de mettre en évidence les paradoxes, les contradictions, les désaccords autour des questions traitées durant la journée… Nous espérons aussi que ces planches serviront d’ « outil populaire », qu’elles puissent être ressaisies, prolongées, re-questionnées.
La question des privilèges :
La notion des privilèges renvoie à l’ensemble des avantages conscients et inconscients que bénéficient tous ceux qui se situent du bon côté des barrières sociales. Il est important de se rendre compte que le privilège social n’est pas la faute d’un individu mais est bien systémique et structurel. Les échanges nous ont permis d’identifier, non-exhaustivement, différents types de personnes privilégiées selon sa classe sociale, son lieu de naissance, son genre, sa couleur de peau, son orientation sexuelle, son âge, ses capacités. Chacune de ses caractéristiques induit des types de privilèges explicites (représenté par la partie émergée du paquebot) ou implicites (la partie immergée du paquebot). Différentes réactions jaillissaient face à ses privilèges : des émotions, des prises de conscience, des précisions… Et face à tout cela, que fait-on une fois que ces privilèges sont identifiés ? Comment agir dessus ? Comment puis-je mettre ces privilèges au service de ma relation aux autres ?
La place de l’histoire coloniale :
Ce module était basé sur la diffusion de trois extraits de film de propagande coloniale : « Elite noire de demain », « Famille Stevens » et « Matamata et Pili Pili ». Étudier l’histoire paraît aller de soir. D’ailleurs, nous pouvons souvent entendre « la connaissance des erreurs du passé évite de les reproduire ». Ces extraits ont suscité différent types de réactions passant de retours sensibles à des retours plus analytiques. Ces documentaires d’époques, qui étaient destinés à la fois au public belge et au public congolais, ont été vu et accepté par un nombre important de gens sans susciter beaucoup d’émois, d’agitations, de bouleversements. Cela remet en cause, aujourd’hui plus que tout, nos réalités, nos jugements, nos pensées qui, on espère, ne cesseront jamais d’évoluer.
Le racisme au quotidien :
Le préjugé raciste est un jugement de valeur irrationnel dont le but est de justifier, provoquer ou favoriser des mesures de discriminations. C’est ce que nous avons tenté de mettre en avant durant cette journée. A l’aide des participants, nous avons identifié sept thèmes principaux, vestiges de notre passé colonial, qui démontrent à quel point le racisme est encore présent dans notre quotidien. Nous pouvons distinguer des inégalités systémiques autant dans notre culture populaire, que dans notre patrimoine culturel, dans notre vocabulaire, dans nos comportements, dans l’invisibilisation dont sont victimes les personnes concernées et la charge raciale qu’ils portent quotidiennement. C’est en écoutant et en croyant ce que les personnes discriminées racontent que nous pourrons progressivement araser ces disparités.
Partenaires :
Thierry Duirat et L’Equipe du Théâtre de la Parole (Conception de cette journée) Aline Bosuma, Audrey Boucksom, Alice Martinache, Magali Mineur et Michel Verbeek (Intervenants pour les ateliers) Apollinaire Djouomou, Nadège Ouedraogo et Fidèle Mahuna Anato (Intervenants Artistiques) Henri Van Lierde (Réalisation de l’affiche) Anne Valleta (Illustration durant la journée) En collaboration avec Conte en Balade et les Dimanches du conte et en partenariat avec Le Village de Conte ADJROU’HOUE
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